IntroductionEn 1969, Pierre Elliott Trudeau ouvrait la porte au changement en décriminalisant lÃÂhomosexualité avec le ë Bill Omnibus û et affirmant que lÃÂÃÂtat nÃÂavait pas dÃÂaffaire dans la chambre à coucher des citoyens.
Du côté de la religion, on peut se souvenir que, en 1994, notre défunt pape Jean-Paul II a affirmé que lÃÂhomosexualité était moralement inacceptable et que la discrimination à ce sujet était pleinement justifiée .
Alors quÃÂavec les élections provinciales, les propos se tournent davantage sur lÃÂorientation sexuelle de Boisclair plutôt que sur des enjeux politiques et quÃÂun nouveau rapport nous montre quÃÂil y a encore bien du chemin à faire pour arriver à bout de la discrimination envers les homosexuels. Ne pourrions pas dire que les Québécois plus homophobes et moins ouverts dÃÂesprit que lÃÂon pensait?Par ailleurs, le sociologue, Michel Dorais, constate que les jeunes personnes dÃÂorientation homosexuelle se suicident bien davantage que la moyenne des Québécois du même âge, déjà élevé soit dit en passant.
La concordance de la sortie du rapport sur la santé de lÃÂhomosexualité au Québec avec les élections qui présentent un chef de parti ouvertement homosexuel est une occasion rêver pour voir où en sont rendus les Québécois sur la question.
Pour ce qui est des médias, il est intéressant de voir comment ils auront traité la question du chef du Parti Québécois. Se donneront-ils la peine de rester à lÃÂessentiel, cÃÂest-à -dire la politique ou sÃÂacharneront-ils sur la publication de sa vie privée? En fait, la publication de la vie privée est un concept où y a un début de confusion entre la sphère publique et la sphère privée. Dans la publication de sa vie, on amène une partie de la vie privée et on lÃÂintroduit dans ce qui est public. Ici, le public serait les affaires dÃÂÃÂtat.
ProblématiqueLÃÂhomophobie : Un rapport et une étudeAu début de mars, Marc-André Dowd, vice-président de la Commission des droits de la personne et des droits de la personne et des droits de la jeunesse du Québec, a rendu public un rapport intitulé De l'égalité juridique à l'égalité sociale . Monsieur Dowd a présidé les travaux tout au long de la recherche .
Comme le titre du rapport le résume assez bien, on y parle des victoires juridiques et des droits que les homosexualités ont gagnés au cours des dernières décennies. Cependant, on y fait la remarque quÃÂil y a encore du chemin à faire pour ce qui est de lÃÂacceptation de lÃÂhomosexualité dans la société et pour combattre la discrimination. En résumé, ce nÃÂest pas parce que les lois ont réhabilité les homosexuels que la population va faire de même.
La commission réclame une politique nationale de lutte contre lÃÂhomophobie . Cette lutte commencerait entre autres dans nos écoles. Simplement, parce que les élèves dÃÂaujourdÃÂhui seront les citoyens de demain. Pourtant, même auprès du personnel scolaire, il semble quÃÂil y ait beaucoup de chemin à faire. Ainsi, nul besoin de rappeler que les adolescents ont besoin de personnes auxquelles ils peuvent sÃÂidentifier. Des exemples de professeurs dÃÂorientation homosexuelle épanouie et étant pleinement acceptés dans leur milieu de travail seraient les bienvenus.
Or, il semble en être tout autrement. Non seulement, les employés gais et lesbiennes préfèrent taire leur orientation sexuelle à leur supérieur, mais Michel Dorais nous relève un cas où un professeur a vraisemblablement vu son contrat ne pas se renouveler parce quÃÂil a essayé de sensibiliser les élèves à lÃÂhomophobie suite au suicide dÃÂun jeune homosexuel de leur école . Serait-ce à dire que le système scolaire préfère fermer les yeux sur ce problème? Pourtant, il y a un urgent besoin de réagir, car selon une étude menée par le sociologue Michel Dorais, les jeunes homosexuels auraient un taux de suicide bien supérieur à la moyenne. Les écoles secondaires seraient donc la place idéale pour rejoindre les jeunes gais et lesbiennes avant que leur orientation ne les laisse dans un désespoir suicidaire.
LÃÂhomosexualité et le suicideSi on regarde lÃÂétude de ÃÂmile Durkheim sur le suicide, cela permet de mieux comprendre les jeunes homosexuels qui tentent ou qui réussissent à se suicider. CÃÂest ce que le sociologue appellerait un suicide égoïste. En effet, les jeunes homosexuels se sentent trop souvent exclus de la société. Le suicide de lÃÂun dÃÂeux se situerait donc à la gauche de lÃÂaxe de lÃÂintégration sociale et nÃÂa rien à voir avec lÃÂabsence ou la présence de règles.
Les 4 types de suicidesLÃÂhomophobie en politiqueDepuis quelques mois et en cette période dÃÂélection, on parlait beaucoup des différences. On a eu droit aux différences religieuses qui ont amené les débats sur les accommodements raisonnables. Par la suite, on a vu apparaître des propos discriminatoires, remplis dÃÂintolérances sur lÃÂhomosexualité du chef du parti québécois et de quelques candidats péquistes. àpartir de là , on peut se demander si les Québécois sont homophobes. Est-ce que les Québécois vont laisser leur choix être influencé par lÃÂorientation sexuelle des candidats?Le lundi, 26 février dernier, on a eu droit à des propos scandaleux de la part de Louis Champagne, un animateur de CHRS, une station de radio de Jonquière. Celui-ci a affirmé que les travailleurs dÃÂusine ne voteraient jamais pour une ë tapette û . Il est allé jusquÃÂà dire que le parti Québécois était rendu ë un club de tapette û.
Effectivement, le candidat de Jonquière, Sylvain Gaudreault a reconnu publiquement son homosexualité récemment. Pourtant, suite aux commentaires des auditeurs, on a pu constater un tollé de protestations qui ont mené au retrait des ondes temporaires de lÃÂanimateur. Ce qui est déjà là une agréable surprise de voir les Saguenéens montrer leur mécontentement face aux propos de Champagne. Monsieur Gaudreault a même été élu dans sa circonscription. Il en va de même pour Agnès Maltais, députée péquiste de Taschereau, qui est aussi sortie du placard depuis quelques années et qui a été élue pour la troisième fois. Ce qui fait dire au sociologue Michel Dorais que lÃÂhomophobie nÃÂa pas nui à la campagne électorale du Parti Québécois, mais aurait plutôt attiré la faveur des électeurs .
Pourtant, si on remonte à lÃÂaffaire Jeff Fillion dans la région de Québec, des milliers des personnes avaient défendu le droit à lÃÂinjure de lÃÂanimateur controversé . Certaines personnes réclament donc le droit à lÃÂanimateur Louis Champagne de tenir des propos homophobes. De plus, lÃÂanimateur souligne que ses propos reflètent la pensée dÃÂune partie de la population québécoise.
Ce qui nous permet de faire le parallèle avec lÃÂaffaire Faurisson. Il sÃÂagit de lÃÂauteur, Robert Faurisson, qui a écrit un livre défendant la thèse que les chambres à gaz et le génocide des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale nÃÂétait quÃÂun mensonge. Ce qui fit scandale. Comment peut-on douter des souffrances des survivants de lÃÂHolocauste qui ont tout perdu durant cette guerre y compris leur famille. Il y eut aussi indignation du fait que Noam Chomsky fit la préface de ce livre. Pourtant, Chomsky, qui était loin de défendre cette thèse, ne voulait que se porter à la défense du droit dÃÂexpression. Quelque soit les idées exprimées. Donc, ceci voudrait aussi pour lÃÂanimateur Louis Champagne et ses propos homophobes diront certains .
Pour ce qui est de André Boisclair, Michel Dorais pense que son homosexualité a été un obstacle que pour une petite minorité des électeurs. Il croit plutôt que le problème dans la froideur du chef, mais aussi dans lÃÂabsence de famille et de proches autour de lui. En effet, tout au long de la campagne, on a vu Mario Dumont et Jean Charest entourés de leurs enfants et de leur épouse . La famille étant un enjeu de la campagne électorale, la candidate péquiste, défaite dans la circonscription de Groulx, Rachel Gagnon qui attribue sa défaite à lÃÂhomosexualité de son chef, demande comment Monsieur Boisclair peut-il parler de famille . Ce qui réfère aussi au tabou de voir des homosexuels élever des enfants. En effet, bien des gens considèrent que des parents de mêmes sexes nuiraient à lÃÂéducation et à lÃÂéquilibre de lÃÂenfant, comme si cela allait lui donner un mauvais exemple et le rendre lui-même homosexuel.
Laurent McCutcheon, président de Gai-ÃÂcoute, nous rappelle lÃÂimportance de porter son choix sur le candidat que lÃÂon considère le meilleur et non en fonction de leur orientation sexuelle . Il a dÃÂailleurs choisi de rester neutre durant la campagne électorale et de ne pas favoriser un parti plutôt quÃÂun autre. Il considère que le sujet serait probablement resté clos si Monsieur Champagne nÃÂavait pas lancé le sujet.
Malgré tout, Patrice Corriveau, un professeur en criminologie à lÃÂuniversité dÃÂOttawa, la situation est pire pour les homosexuels que pour les femmes, les personnes de race noire ou les juifs . En effet, il considère que les gens de ces groupes sortiraient dans la rue assez rapidement pour défendre lÃÂun dÃÂeux sÃÂil était victime de discrimination contrairement à la communauté gaie et lesbienne qui se fait plutôt discrète, voir silencieuse.
Heureusement, on peut constater bon nombre de personnalités publiques qui sont sorties de l'ombre, pas seulement en politique, mais aussi chez les journalistes, les animateurs. On peut penser à Michel Jasmin, Claude Charron et à Daniel Pinard. Sans oublier Danny Turcotte quÃÂon a lÃÂoccasion de voir chaque semaine à tout le monde en parle. Aussi, on peut se souvenir de lÃÂémission gaie qui fut diffusée durant plusieurs années au canal Vie. Cette émission était animée par André Montmorency, lui-même homosexuel. On peut donc dire quÃÂil y a un effort du côté des médias québécois, pour laisser une place et ne pas censurer la communauté gaie.
LÃÂhomophobie aux ÃÂtats-UnisàlÃÂinverse, on assiste à deux phénomènes plutôt inquiétants. Le premier semble heureusement être un phénomène local. Il sÃÂagit de commandos mystérieux qui agressent et même tuent des homosexuels dans la région de Portland. Ceci résulterait de la grande influence dÃÂune organisation politico-religieuse soit lÃÂOregon Citizen Alliance qui souhaite nettoyer lÃÂétat de lÃÂhomosexualité. On note aussi que 53 % des Américains considèrent que lÃÂhomosexualité est un mode de vie alternatif non acceptable.
Le deuxième phénomène américain est la disparition graduelle de leurs quartiers homosexuels . En effet, de nouveaux propriétaires achètent de plus en plus les bâtiments consacrés à la communauté gaie et lesbienne pour les reconvertir peu à peu en appartements destinés aux familles. On y constate aussi des hausses de loyer qui auraient pour but de changer la clientèle de ces quartiers.
Personne ne sait encore si ce phénomène va se propager jusquÃÂaux quartiers homosexuels du Canada. àpremière vue, la disparition des quartiers homosexuels américains peut sembler être comme un retour en arrière. La communauté gaie peut se sentir menacée. Toutefois, dans bien des associations universitaires pour gays et lesbiennes du Québec, on encourage leurs membres à ne pas aller sÃÂenfermer dans ce quartier. En effet, les homosexuels ne méritent pas de vivre dans un enclos. LÃÂamélioration de lÃÂacceptation de ceux-ci passerait davantage par leur intégration dans toutes les couches de la société et dans toutes les régions. La communauté gaie nÃÂa pas à se contenter de la ville. Les gays et lesbiennes doivent aussi faire leur place dans les petits villages.
ConclusionLa force de cette recherche se trouve dans le fait que nous avions un grand éventail de choix pour trouver nos articles puisque le sujet était dÃÂactualité autant dans la politique québécoise que française.
La faiblesse de notre recherche cÃÂest que la majorité de nos articles choisis proviennent tous des mêmes quotidiens, soit La Presse et Le Devoir.
Par contre, cÃÂest deux quotidiens ayant des allégeances politiques allant à lÃÂopposé, se donnent droit à une bonne variabilité dans les opinions et dans lÃÂargumentation. De plus, on a pu faire le tour de la question en sÃÂinformant auprès de plusieurs professionnels différents, que ce soit des journalistes ou des sociologues en passant par un criminologue et les représentants de différentes associassions de gays et lesbiennes.
Cependant, une autre de nos faiblesses se retrouve dans la partie de lÃÂanalyse médiatique. Il nous a alors été difficile de rendre la recherche intéressante et de nous défaire de nos redondances.
Finalement, bien que lÃÂhomophobie semble encore présente au Québec dans des proportions moindres, lÃÂintégration légale des homosexuels et lÃÂacceptation dans la société gagnent lentement en popularité. Malgré que lÃÂacquisition de nouveaux droits pour les personnes homosexuelles ne se fasse pas au même rythme que leur intégration dans le reste de la population.
Ce qui ne veut pas dire pour autant de laisser pour autant tout programme contre homophobie. Au contraire, cela ne fera quÃÂaccélérer le processus dÃÂintégration des homosexuels dans sa communauté. De plus, comme le faisait remarquer le sociologue Michel Dorais, si son étude sur les jeunes homosexuels lui permettait ne serait-ce que de sauver une personne gaie du suicide, son objectif serait atteint. La mise en application de nouveaux programmes sera toujours les bienvenusEn ce qui a trait à lÃÂanalyse de la couverture des dernières élections provinciales, on peut sentir davantage un parti pris pour le quotidien La Presse que celui du Devoir qui restera un peu plus neutre. On a lÃÂimpression que pour La Presse tout reste un prétexte à descendre André Boisclair, le chef du Parti Québécois même si cela doit passer par le bombardement de la vie privée, pour ainsi tenter dÃÂinfluencer bon nombre dÃÂindécis.
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